Noël au temps de la pandémie : Josée Legault

Josée Legault - Plus de 21 mois déjà que cette pandémie nous colle aux fesses. Parce qu’elle refuse de déguerpir, nous voici replongés dans une énième vague. Charge virale, charge mentale, charge létale ?  

En ce deuxième Noël en quasi-confinement, comment diable recharger nos batteries usées à l’os ? Une charge à la fois, j’imagine...

Alors que l’on rentre dans nos bunkers pour ne pas laisser entrer le méchant Omicron, même le père Noël doit porter son masque N95 avant de descendre dans nos cheminées.

De fait, tapis derrière nos portes closes, personne ne sait vraiment ce qui se passera dans les jours qui viennent. Certains seront entourés. 

D’autres seront seuls. 

D’autres, encore, seront tout à fait heureux dans leur « bulle » minimaliste. Comme quoi, à Noël, pandémie ou pas, pour citer Forrest Gump, on ne sait jamais vraiment ce qu’on va trouver. 

Pour ma part, ce sera un Noël tranquille. Avec ma sœur et, si possible, quelques personnes chères au bout du téléphone. Et les cadeaux ? Cette fois-ci, ils devront attendre. La raison ?

Tout juste avant mon magasinage des Fêtes, je me suis retrouvée à l’urgence d’un grand hôpital montréalais. Ça, madame, monsieur, ça vous gâche vite une liste de cadeaux...

Longues heures et long corridor

Eh oui. En pleine vague d’Omicron. Impuissante et couchée comme les autres sur une civière dure comme le roc. Tous alignés le long d’un corridor aux lumières drues, aux sons peu rassurants et à la température frisquette. 

Terrorisée, je regardais passer d’autres patients, dont certains portaient le masque sous le nez ou le menton. Au secours, maman ! Je pensais aussi à cette année qui, sur le plan personnel, m’aura apporté un lourd lot d’épreuves.

Sans aller dans les détails, chez moi, j’avais été prise de symptômes soudains et aigus qui me faisaient tomber – et autres effets collatéraux pas jojo du tout. Comme ça ne s’arrêtait pas, pour la première fois de ma vie, j’ai dû me résoudre à appeler une ambulance. 

Les deux paramédics – un jeune homme au regard doux et une gentille dame originaire de l’Ouest canadien – m’ont été de véritables anges gardiens. Merci ! Vous savez qui vous êtes. 

Une fois à l’urgence, ce fut une tout autre histoire. Un bon ami m’y avait rejointe, mais on lui interdisait de venir me voir. De très longues heures d’attente m’attendaient avec mes nombreux colocs de corridor. Seuls sur nos civières, comme des momies oubliées au fond de leur sarcophage.

La bonté des étrangers

De très longues heures ont passé avant de voir une résidente médecin. Puis la nuit vint, couchée en plus sous une bouche froide d’aération. Non, il n’y a pas de « sainte nuit » à l’urgence ni de Rois mages. 

J’ai pourtant dû prier souvent pour qu’on me dise ce que j’avais et pour que je n’en ressorte pas avec l’Omicron dans ma besace. De retour chez moi près de 20 heures plus tard, jusqu’à maintenant, je me croise les doigts, ça va mieux, lentement. 

Je suis aussi très reconnaissante à l’égard des amis présents au bout du fil à l’urgence et pour mon formidable nouveau médecin de famille qui, depuis, a pris la relève pour le suivi. 

Et Noël dans tout ça ? Très franchement, même dans notre petite bulle à deux et devant notre mini sapin dégarni, je penserai avant tout à celles et ceux qui, à Noël, sont seuls ou alités dans un corridor d’urgence, une unité d’oncologie, de greffes ou de pédiatrie, dans un CHSLD ou aux soins palliatifs. 

Que la bonté des vôtres ou celle des « étrangers », comme Blanche le disait si bien dans un Tramway nommé Désir, vous accompagne – et nous accompagne tous. 

Malgré même ce virus mondial. Malgré même tout ce qu’on ne peut plus contrôler. 

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