Les brutes - Mathieu Bock-Côté

Mathieu Bock-Côté Jeudi, 10 septembre 2020 05:00 - Si la violence des médias sociaux ne surprend plus, elle choque toujours.

https://www.journaldemontreal.com/2020/09/10/les-brutes

On l’a constaté encore une fois ces derniers jours quand on a découvert des fous furieux ravagés par les théories conspirationnistes les plus dingues rêvant ouvertement de s’en prendre à François Legault. Ils veulent le tuer, ou rêvent qu’il le soit.

Certes, on peut croire que ces appels à meurtre sont surtout le fait d’abrutis qui ne seraient jamais passés à l’acte. 

Violence

Mais un seuil symbolique a quand même été franchi. Lorsqu’un homme désire ouvertement le meurtre d’un autre, et qu’il se permet de le crier publiquement, il contribue au dynamitage d’un tabou essentiel. 

Et il suffit qu’une seule de ces brutes passe à l’acte pour qu’une société soit bouleversée. Les cas de Richard Henry Bain ou d’Alexandre Bissonnette nous en convaincront aisément. 

Les réseaux sociaux, on l’a souvent dit, gardent en état de surexcitation idéologique permanente notre société. Ils permettent à chacun de cracher publiquement ses pensées les plus sombres en désinhibant exagérément la parole publique. Au-delà même des appels aux meurtres, comment ne pas être consterné par l’empoisonnement de la conversation publique par les insultes les plus variées ? 

La plupart des chroniqueurs qui osent critiquer le politiquement correct peuvent en témoigner, je le crains. « Hostie de vidange », « sac à marde », « pourriture ». Ces termes sont courants, et je les ai récoltés ce matin dans un fichier où j’archive les plus beaux compliments qu’on m’ait adressés. 

Je me souviens aussi d’une universitaire, professeure de philosophie à l’Université de Moncton, qui m’a écrit publiquement : « Je vous souhaite aussi de tomber dans le purin et le compost de ces idées nauséabondes que vous défendez comme s’il en allait de votre vie insignifiante. Vous servirez alors d’engrais pour des idées plus nobles et plus essentielles ». 

Au moins, elle me vouvoyait ! On peut souhaiter la transformation d’un homme en engrais poliment ! 

On l’aura compris, le climat toxique des réseaux sociaux, et le désir de mise à mort qui s’y exprime librement, n’est pas le fait exclusif de quelques coucous qui ont redoublé leur maternelle. Il est généralisé. Il frappe même les gens les mieux diplômés.

Il témoigne d’une société de plus en plus dévorée par ses extrêmes. 

En fait, cette violence n’est plus exclusivement le fait de fanatiques.

Vidange !

Bien des personnalités médiatiques peuvent subir une tempête d’insultes, si elles deviennent malgré elles le sujet du jour, comme l’a constaté récemment Bianca Gervais.

On aurait tendance à croire que les médias sociaux sont directement connectés à la part de méchanceté qui toujours peut surgir dans le cœur humain. 

Une chose est certaine, si on peut conseiller à ceux qui reçoivent les insultes au quotidien de se « carapacer » contre les insulteurs, ceux qui subissent des menaces de mort ne doivent plus les laisser passer. Il est temps de riposter contre les tarés. Pour leur apprendre à vivre. Et éviter qu’un jour, un dingo passe à l’acte.

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