À cause de Bernier, «on fait rire de nous» - Antoine Robitaille

Antoine Robitaille Antoine Robitaille Jeudi, 12 septembre 2019 05:00

 Ça venait du fond du cœur : «Faut le sortir!» lança Carl, organisateur communautaire retraité de la Beauce, à propos de Maxime Bernier,

https://www.journaldemontreal.com/2019/09/12/a-cause-de-bernier-on-fait-rire-de-nous

chef du Parti populaire. Nous sommes au resto Les Pères nature, vers 9 h 15 ; mercredi pluvieux à Saint-Georges de Beauce. Le restaurant est bondé. 

 «On fait rire de nous autres à cause de lui. On est tannés!», insiste Carl. Il soutient avoir «toujours voté» pour «les Bernier». Le fils Maxime, député de Beauce depuis 2006 au fédéral, évidemment. Et, avant lui, son père Gilles, élu progressiste-conservateur dans les années Mulroney.  

 Il avait réussi à garder son siège comme indépendant par après. Joint mercredi, le patriarche refusait les entrevues tant que son rejeton n’avait pas réagi officiellement au déclenchement des élections. Il se dit toutefois «à 100 % avec son fils».  

 Jaseux 

 Devant Carl, la tablée de «jaseux» de politique semble d’accord avec les critiques.  

 Lorsque Bernier a dit que la jeune environnementaliste Greta Thunberg était «mentalement instable», ce fut «la goutte qui a fait déborder le vase», insiste Carl, et les excuses du politicien n’ont pas suffi.  

 Puis, tout y passe : les candidats du PPC qui propagent de fausses nouvelles ; ses pancartes outrancières ; ses absences du comté ; ses idées libertaires ; son opposition à la gestion de l’offre. «Les cultivateurs vont tout faire pour le bloquer», note Claude.  

• À lire aussi: Maxime Bernier serait déconnecté des Beaucerons, selon ses rivaux

 «Maxime est à’veille de nous dire que la Terre est plate», ironise un autre. Germain ajoute que «Bernier a l’air d’avoir fondé son Parti populaire» uniquement pour se «venger» de sa défaite à la chefferie conservatrice. Il aurait dû «accepter de perdre», insiste Germain, «et, après, jouer en équipe!»  

 «Deux, c’est mieux» 

 À l’hôtel de ville, à un kilomètre de là, une heure plus tôt, le maire de Saint-Georges Claude Morin, qui m’attendait pour discuter politique fédérale, m’avait accueilli avec ironie : «Un Maxime, c’est bien. Deux, c’est mieux!» Clin d’œil à cette candidature d’un homonyme de Maxime Bernier, pour le Parti rhinocéros.  

 «Comme la pub du lait dans le temps», précise Morin, hilare. «Oh! Ça fait penser à la gestion de l’offre!»  

 Mais le maire dit refuser de prendre position dans la campagne. Mais sa blague et sa présence (lui, ancien candidat du PLC !) à l’investiture du conservateur Richard Lehoux, laissent peu de doute quant à son choix.  

 À la table des jaseux, Carl insiste : «Il n’y a que Lehoux qui peut battre Bernier. C’est pour ça que je vais me pincer le nez et voter pour lui!»  

 Joint mercredi, un «expert» de la Beauce convient que, «sur le terrain», les critiques acerbes envers «Mad Max» pleuvent.  

 Majorité silencieuse 

 «C’est le défi pour lui, mais je ne le donne pas pour autant perdant.»  

 Malgré son changement d’allégeance et ses coups de gueule, il est extrêmement enraciné. «Les Filles d’Isabelle, les cercles des fermières, l’adorent. Surtout dans le sud du comté. Il pourrait bien y avoir encore une majorité silencieuse pro-Bernier.»

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