Ce maudit côté «latin» - Antoine Robitaille

Antoine Robitaille Antoine Robitaille Mardi, 29 septembre 2020 05:00

Comment expliquer que le Québec est, dans notre Dominion, l’épicentre de la 2e vague.

Lorsque la question a été posée à Christian Dubé, à Tout le monde en parle, dimanche, le ministre a d’abord admis qu’il n’avait pas de réponse simple.

Chose certaine, la théorie de la «semaine de relâche hâtive» du Québec ne pouvait plus être invoquée.

Dubé a tout de même tenté une hypothèse qui m’a semblé intrigante : «Je pense qu’on a un côté latin. On aime faire le party».

J’ai alors pensé à une phrase d’un diplomate brésilien que j’avais notée il y a des années : le Québec, «c’est l’extrême nord de l’Amérique latine».

Nordiques et disciplinés

Pourtant, dans la première vague, les Québécois avaient été de vrais représentants de l’extrême nord tout court. Austères, conscients de l’importance des règles, disciplinés : «Dans les 60 États et provinces en Amérique du Nord, la conclusion, c’est que l’État où les gens se sont plus confinés, c’est au Québec, premier sur 60», se réjouissait François Legault encore récemment à l’Assemblée nationale, en citant des données de Google.

Il est certes aisé, l’hiver, de se montrer austère au Québec. On «s’encabane» spontanément.

Sans compter qu’au départ, on trouvait ça spécial, inhabituel, le confinement. On a tous ou presque fait des petites vidéos pour ironiser sur notre nouvelle situation, notre nouvelle «normalité». Il y avait aussi les rues vides. Certains confiaient être charmés par ce calme. Des élèves, au départ, se réjouissaient d’une sorte de long congé de tempête de neige.

Avec le temps qui passait, les malades et les morts qui s’accumulaient, les relations humaines annulées, on a compris à quel point la nécessaire lutte contre le virus a chamboulé notre vie et miné notre économie.

La COVID-19 a rapidement eu des effets «tsunamiques».

Est arrivé le printemps avec cette impression qu’il fallait jeter du lest. Le premier ministre, à ce moment, a eu envie de célébrer des «victoires». Il a alors trop martelé qu’en dehors des centres pour personnes âgées, la lutte contre la COVID-19 avait été un «succès». Donnant l’impression que le danger était circonscrit et derrière nous.

Dans sa tournée estivale, M. Legault a surtout parlé de reprise économique et du projet de loi 61 que les oppositions ont «bloqué». Moins des périls d’une deuxième vague.

Chaleur et latinité

Certes, il sentait – et ce n’était pas faux – que les Québécois avaient envie de retrouver un semblant de vie normale. Et libérer leur «latinité» réprimée depuis des mois. L’été exceptionnellement clément a servi d’accélérateur.

Le Québec a soudainement paru bien différent de celui dépeint par Google au printemps : indiscipliné, insouciant, festif ; malgré l’absence des festivals. Il y eut certes l’acceptation assez générale et très graduelle du masque. Mais plusieurs continuaient à croire que l’unique risque était chez les vieux.

Et nous voilà obligés de nous mettre au rouge, de resserrer de nouveau les règles. De réprimer encore notre latinité. De mobiliser notre côté nordique, austère. Ça ne sera pas facile, mais on est capables.

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