Josée Legault - Au Québec, 10 % des personnes admissibles à la vaccination contre la COVID-19
ne sont toujours pas allées chercher leur 1re dose, dont 540 000 adultes. Pour la 2e dose, c’est 17 %, et pour la 3e, 60 %.
Pour rejoindre le premier groupe, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, propose une stratégie qu’il a lui-même qualifiée de « très positive ».
Or, sauf pour l’appel lancé à des étudiants en médecine, c’est une reprise tout aussi modeste de la stratégie même présentée l’an dernier. Y compris l’ouverture pour une à deux semaines seulement de quelques cliniques éphémères de vaccination.
Pendant ce temps, la pandémie en est à sa 5e vague et il y en aura possiblement d’autres. D’où une question pressante. Combien de temps, d’énergie et d’argent nos autorités politiques et de santé publique sont-elles encore prêtes à investir pour tenter de convaincre les récalcitrants et les hésitants à se procurer leur 1re dose ?
Selon le ministre Carmant, cette énième tentative prendrait fin le 31 mars. Encore du temps précieux de perdu. Rappelons qu’à la mi-mars, nous entamerons déjà la 3e année de pandémie...
Plus les vagues passent, plus l’accommodement des non-vaccinés devient déraisonnable. Les dommages à la société sont immenses. La vaste majorité vaccinée mérite aussi de retrouver, de manière sécuritaire et comme ailleurs, une partie de ses libertés perdues.
Qui sont les non-vaccinés ?
D’autant plus que combinés aux autres mesures sanitaires, les vaccins sont très efficaces pour prévenir les hospitalisations et cette chose extrêmement désagréable qu’on appelle la mort. Bref, tout ce qui fait craquer le réseau de la santé.
Parmi les personnes non vaccinées, combien sont des complotistes indécrottables ? Combien sont hésitantes ? Combien sont isolées socialement, linguistiquement ou culturellement ? Combien ont des problèmes non soignés de santé mentale ? Etc.
Étonnamment, la réponse est toujours floue. Un indice se trouve néanmoins dans le dernier sondage Léger/Le Journal. Parmi les répondants non vaccinés, 89 % disent qu’il est « peu probable » ou « impossible » qu’ils se fassent vacciner dans les prochaines semaines. Quatre-vingt-neuf pour cent, c’est un noyau très dur.
Alors, que faire ? Il va sans dire qu’on souhaite tout le succès au plan Carmant. Mais pourquoi ne pas agir de manière plus proactive ? Deux voies sont pourtant possibles et tout à fait légales.
- Invoquer l’art. 123 de la Loi sur la santé publique. En urgence sanitaire, il octroie au gouvernement du Québec le pouvoir d’ordonner la vaccination de la population entière ou d’une partie ciblée de celle-ci.
- Inciter beaucoup plus fortement les récalcitrants à se faire vacciner en élargissant l’exigence du passeport vaccinal à la quasi-totalité des commerces, aux transports et à tous les lieux de travail. Quitte à accepter le passeport vaccinal dès la 1re dose.
Au nom du bien commun
Bref, au nom du bien commun et à moins d’une raison médicale validée, la vie de tous les jours sans vaccination et pour le temps que ça prendra ne devrait plus être possible. Incluant pour les complotistes.
Et les personnes non vaccinées qui le sont à cause de leurs vulnérabi-lités personnelles ? Comme pour toute contrainte, la vaccination obligatoire ou l’imposition élargie du passeport vaccinal les rejoindrait nécessairement.
Ce qui, enfin, contribuerait à mieux les protéger des formes sévères de la COVID et, par conséquent, le reste de la société. La réalité brutale est qu’en les laissant non vaccinées, non seulement on met leur santé et leur vie à risque, mais on les marginalise encore plus.
Voyant la fatigue et le décrochage gagner du terrain chez une part croissante de Québécois vaccinés, le temps court. D’autant plus que nous accusons aussi du retard pour la 3e dose et la ventilation des écoles.