Antoine Robitaille Mardi, 23 février 2021 05:00
Marwah Rizqy a sorti un bazooka hier, à Qub, pour tirer sur Jean-François Roberge, traitant carrément le ministre de l’Éducation de « menteur » en ondes.
« On n’est pas élu pour remplir, mentir et infantiliser le peuple québécois. Mentir aux gens, ça ne se fait pas », pesta la critique libérale en matière d’Éducation.
C’était véhément.
Selon Mme Rizqy, le mensonge du ministre serait le suivant : il a toujours soutenu respecter les avis de la Santé publique (SP). Or, dans ceux dévoilés vendredi, on découvre que la SP avait proposé en octobre certaines mesures, comme les fameuses demi-classes, que Québec n’a jamais appliquées.
Roberge moins strict
Obéit-on toujours à la Santé publique à Québec ? Manifestement non.
Vendredi dernier, on a compris, à la lecture de la quinzaine d’avis dévoilés, que François Legault avait préféré ne pas écouter la SP pour ce qui est des restaurants, musées et cinémas. Il se serait montré plus prudent qu’Horacio Arruda, en somme.
Dans le domaine de l’Éducation, l’impression qui se dégage est inverse : Roberge semble avoir été plus souple que le DNSP Arruda.
Or, les écoles sont un des milieux les plus risqués pour la propagation de la COVID-19. Et le gouvernement a fait le pari – qui était le bon – de laisser les écoles (le plus possible) ouvertes.
Toutefois, considérant le nombre d’éclosions dans ces milieux (encore 871 classes fermées hier, bien qu’il y ait amélioration), n’aurait-il pas fallu agir plus tôt ? De manière plus déterminée ? En instaurant par exemple ces demi-classes, comme l’a réclamé très tôt Véronique Hivon du PQ ?
Autre exemple : dès septembre, un avis de l’Institut national de santé publique recommandait que des masques chirurgicaux soient utilisés en milieu scolaire. La décision ne viendra qu’en janvier.
Menteur
Mme Rizqy était-elle pour autant justifiée de traiter le ministre de « menteur » ? D’écrire, en détournant le patronyme du ministre, que le Québec et le milieu de l’éducation s’étaient fait « roberger » ?
Sur le coup, la charge m’a paru excessive. Les dilemmes dans lesquels la pandémie plonge nos décideurs exigent un minimum d’empathie. Il faudrait toujours garder en tête un principe cher au sociologue français Raymond Aron : avant de critiquer un politique, tenter le plus possible de se mettre dans sa peau.
Début décembre, Roberge fut questionné par Rizqy sur les « demi-groupes » (qui permettent de mieux respecter la distanciation).
La mesure était alors recommandée publiquement par des organismes-conseils, mais on ignorait alors que la Santé publique s’était rangée à cette opinion le 22 octobre (on l’a appris vendredi). Qu’a répondu M. Roberge ? Que sa vis-à-vis savait « très bien qu’on ne reçoit pas un avis comme ça, puis que ce n’est pas respecté ».
Dans l’entourage de M. Roberge, on explique que l’avis rendu public vendredi n’était qu’un « document de travail ». Que les recommandations de ce type doivent être évaluées à la lumière de la « réalité du terrain ». La décision étant prise en bout de course par la cellule de crise.
Pourquoi ne pas avoir présenté les choses ainsi d’emblée ? Pourquoi avoir fait comme si c’était la « Santé publique » qui décidait ? Le ministre doit s’expliquer plus clairement. Sinon, on pourrait croire que l’on s’est fait « roberger ».